Les technologies du Web3 s’invitent de plus en plus dans une multitude de corps de métier. De ce fait, les cabinets d’audit et de conseil sont des témoins privilégiés des changements qui sont à l’œuvre. Pour tenter d’avoir une vue d’ensemble de cette révolution qui est en cours, nous sommes allés à la rencontre de Marie-Line Ricard, spécialiste de la blockchain et des actifs numériques chez Deloitte. Notre invitée nous a ainsi parlé des différentes actions de son entreprise dans l’industrie.
Entretien avec Marie-Line Ricard, spécialiste de la blockchain et des actifs numériques chez Deloitte
Deloitte est l’un des 4 plus gros cabinets d’audit et de conseil au monde, faisant partie de ce que l’on appelle communément les « Big Four ». À l’instar de ses concurrents, l’entreprise mène de nombreuses opérations dans l’écosystème Web3.
C’est pour tenter d’en apprendre plus que nous sommes allés à la rencontre de Marie-Line Ricard, spécialiste de la blockchain et des actifs numériques chez Deloitte et membre du board mondial sur ces sujets.
Peux-tu revenir sur ton parcours ?
« Ingénieure de formation, j’ai 20 ans d’expérience dans le secteur financier et les sujets liés aux risques et à la régulation. Sur la blockchain et le Web3, j’ai plus de 7 ans d’expérience et j’ai accompagné plus de 50 entreprises, des institutionnels et des startups, de la stratégie à la mise en production en passant par l’audit. C’est mon intérêt pour cet écosystème, que ce soit la technologie, l’humain, l’impact sociétal ou la régulation, qui dirige ma carrière depuis 2016. »
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Les initiatives de Deloitte en matière de Web3
Deloitte œuvre sur de nombreux piliers du Web3. Notre invitée cite par exemple un partenariat stratégique avec Digital Assets, pour le développement de la blockchain Canton. Celle-ci permet notamment une plus grande interopérabilité entre les différentes blockchains privées de chaque acteur institutionnel :
« Canton Network, développé avec des acteurs majeurs tels que Goldman Sachs et Microsoft, a pour objectif de relier les entreprises institutionnelles et donc d’encourager une adoption plus étendue de la blockchain. Deloitte a apporté d’une part son expertise en technologie blockchain et d’autre part sa compréhension approfondie du secteur financier. Enfin, nous mettons l’accent sur la sécurité et la conformité dans toutes les phases de développement de projets et nous contribuons à renforcer la confiance des acteurs du secteur financier dans cette technologie. »
De son côté, Deloitte utilise la parachain KILT sur l’écosystème Polkadot pour l’identification de ses clients (KYC) et de ses partenaires financiers (KYB). Par ailleurs, la firme développe constamment des outils en interne pour répondre à la demande du marché, que ce soit pour les audits de smart contracts, les preuves de réserves (PoR), ou encore le contrôle des parités de stablecoins.
En outre, Deloitte mène des programmes de formation, aussi bien pour ses propres collaborateurs que pour des entreprises et des étudiants. L’entreprise a également contribué activement aux consultations de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) sur la finance décentralisée (DeFi).
Deloitte accompagne également ses clients vers des solutions de « custody supervisée », comme en témoigne son partenariat avec le fabricant de portefeuilles pour cryptomonnaies Ledger, officialisé en avril dernier :
« Deloitte complète l’outil technique de Ledger en apportant une expertise opérationnelle sur les aspects clés au cours de la construction du projet d’un point de vue technique, business et juridique. »
Sur la partie technique, Deloitte pratique les audits de smart contracts, mais aussi la programmation de ceux-ci, relative aux solutions de leurs différents partenaires que sont Polygon, Canton, Tezos ou Nomadic Labs, et bien d’autres blockchains publiques et privées. D’autres piliers sont couverts, tels que :
« L’audit des processus existants, la modélisation financière, l’idéation, la stratégie NFT et Métavers, les consultations juridiques et fiscales. »
Un intérêt de plus en plus prononcé des acteurs traditionnels pour le Web3
Les raisons pour lesquelles une entreprise s’intéresse aux cryptomonnaies sont variées. Marie-Line Ricard nous rapporte que les entreprises « traditionnelles » vont par exemple se rapprocher de Deloitte pour chercher à diversifier et investir une part de leur trésorerie.
D’un autre côté, les entreprises purement Web3 auront des besoins d’audits comptables, techniques, des opérations on-chain, comme SG Forge ou encore Circle. En effet, les réserves du stablecoin USDC sont auditées par Deloitte.
Dans les faits, les besoins spécifiques de chaque client amènent des solutions sur mesure :
« Deloitte accompagne des entreprises avec différents niveaux de maturité vis-à-vis des actifs numériques. Nous nous efforçons d’avoir un accompagnement au cas par cas pour apporter une valeur ajoutée pour chaque projet. Les récentes actualités démontrent l’impact négatif que peuvent avoir des projets blockchain mal implantés. Notre but est d’apporter toute l’assurance nécessaire envers nos clients en se basant sur la règlementation en vigueur et sur notre expertise opérationnelle afin de minimiser les risques et d’optimiser le potentiel de leur projet. »
De plus en plus, notre invitée constate que cet intérêt pour le Web3 dépasse le cadre financier. Ainsi, elle relève de plus en plus d’initiatives, comme en témoigne l’étude conjointe Coinhouse x Deloitte au printemps dernier.
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Un écosystème en constante progression
Si notre invitée n’identifie pas de « profil type » pour les entreprises menant des activités dans l’écosystème crypto, elle note néanmoins plusieurs tendances. D’une part, les acteurs déjà présents renforcent leurs positions, mais surtout, de plus en plus d’acteurs traditionnels sautent le pas, notamment à mesure des développements concernant la tokenisation des Real-World Assets (RWA) :
« L’État et la règlementation influent sur l’appropriation de ces technologies. En France, plusieurs consultations publiques sont en cours, avec la participation de contreparties de tout horizon, dans le but d’encadrer les activités en crypto et de rassurer les acteurs plus traditionnels. »
Par ailleurs, Marie-Line Ricard souligne plusieurs points à considérer pour la réussite d’un projet Web3 en entreprise :
- La sensibilisation des équipes ainsi qu’une communication approfondie entre chaque unité sollicitée ;
- Une identification des potentiels risques de manière proactive en évaluant les différents scénarios à différents niveaux : techniques, règlementaires, etc. ;
- Le choix de l’infrastructure à travers la blockchain qui sera utilisée ;
- La viabilité écologique du projet ;
- Une approche sur mesure selon le type de client (Web2 vers Web3, Web3/Web3, etc.).
À votre niveau, comment voyez-vous évoluer les mentalités quant à la perception de l’écosystème crypto ces dernières années ?
« De manière positive, la France se construit une place dans l’écosystème à l’échelle internationale, à l’image de l’implantation d’acteurs américains comme Circle ou Binance. À l’inverse, les acteurs français étendent leurs forces de frappe au fur et à mesure pour toucher une clientèle plus business. La multiplication de projets apporteurs de valeur et résilients dans le temps motive également des acteurs traditionnels à franchir le pas. »
Ces évolutions se ressentent également au niveau interne :
« Au niveau interne chez Deloitte, il est désormais nécessaire de consulter mon équipe spécialisée sur le sujet pour toute entreprise faisant ressortir des comptes en cryptomonnaies et/ou des projets Web3 : ce sont de petites avancées qui montrent une sensibilisation plus générale du sujet. »
Au travers de cet entretien, nous avons pu constater que Deloitte couvrait de nombreux aspects de l’écosystème blockchain. Les technologies Web3 étant en plein essor, il est logique que de nombreux métiers y trouvent des cas d’application, incitant des acteurs tels que les cabinets d’audits et de conseils à se placer à l’avant-garde. Nous remercions Marie-Line Ricard pour son temps et ses réponses à nos questions.
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