Fabien Aufrechter, Secrétaire Général de la Ligue pour la Sécurité du Web3 (LSW3) et Vice-Président Innovation chez Vivendi, explore les liens entre technologies, société et politique tout autour du monde. Dans cet entretien, il aborde les défis du Web3, la protection des créateurs face à l’IA et la nécessité d’une gouvernance numérique éthique en Europe. Une vision éclairante sur l’avenir des technologies décentralisées.
« Les technologies de pointe n’ont jamais été aussi politiques » – interview avec Fabien Aufrechter, Secrétaire Général de la Ligue pour la sécurité du web3 (LSW3)
Vice-Président de Vivendi en charge de l’innovation, Fabien Aufrechter fait partie de la communauté crypto depuis 2013. Secrétaire Général de la Ligue pour la Sécurité du Web3 et à ce titre très engagé pour la structuration de l’écosystème tech européen, Fabien Aufrechter est également Maire de Verneuil-sur-Seine.
Les liens entre public et privé ? Il connaît. Le besoin d’éducation aux nouvelles technologies ? Il peut témoigner puisqu’il intervient dans de nombreuses écoles et universités françaises et internationales depuis plusieurs années. Les enjeux politiques ou géopolitiques liés à l’innovation ? Véritable ambassadeur de la Tech française et européene, il est l’un des rares experts français moins connu dans notre pays qu’à l’étranger car omniprésent à l’international : rien que ces 3 derniers mois, il s’est ainsi déplacé dans plus d’une dizaine de pays sous ses différentes casquettes.
Mais c’est à Paris que nous avons été à sa rencontre pour échanger avec lui sur sa vision de l’écosystème tech mondial, et du Web3 en particulier.
Quels sont les enjeux auxquels est actuellement confrontée la Ligue pour la sécurité du Web3 ?
Les enjeux sont pluriels et différentiels. Je pourrai citer la protection des utilisateurs de cryptoactifs, la protection des entreprises face aux risques cybers qui ne cessent de se renouveler, l’accompagnement des législateurs et régulateurs dans leurs bonnes compréhensions des enjeux liés à l’IA ou aux technologies blockchain…
Mais personnellement, le sujet qui me préoccupe le plus reste celui de la protection des contenus. Je m’explique : l’IA générative permet d’automatiser la création des contenus (vidéos, photos, musiques…). Mais il faut tout de même protéger les créateurs ! Et il faut se préserver de l’explosion des deepfakes et donc des « fake news ». Ce n’est pas un sujet de niche mais une préoccupation très politique dont devraient se saisir les gouvernements et les grandes entreprises.
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Puisque vous tendez la perche, que fait Vivendi en la matière ?
Sous mon impulsion, Vivendi est devenu un pionnier sur ces sujets. Vivendi est membre de différentes coalitions internationales pour travailler ces sujets (notamment C2PA et la Content Authenticity Initiative). Et nous travaillons sur des « proof of concepts » qui ont vocation à terme d’être industrialisés. Par exemple, nous avons lancé la protection de nos communiqués de presse, chose que vous pouvez aller tester vous-mêmes sur notre site Internet.
Aussi, nous contribuons aux commissions du Sommet de l’IA qui se tiendra en février prochain. Et nous sortirons quelques nouveautés à cette occasion. Pour moi, c’est une urgence vitale pour notre groupe, pour notre industrie et plus largement pour nos sociétés. Car protéger un contenu c’est protéger les créateurs, c’est protéger nos sociétés face aux deepfakes, mais c’est aussi protéger les plus jeunes de certains types de contenus (car un contenu protégé est un contenu programmé – et donc il est possible de programmer qu’ils soient inaccessibles aux mineurs, par exemple…même si derrière cela pose forcément d’autres préoccupations éthiques). Et si cela vous semble de la science-fiction, allez voir que ce qui se passe en Asie où les États ont un sacré temps d’avance sur nous !
Alors justement, vous voyagez énormément et votre regard sur les écosystèmes internationaux nous intéresse énormément. Depuis le mois de septembre, vous avez fait des sauts dans plus d’une dizaine de pays. Pourriez-vous nous faire un état-des lieux sur chacun d’entre eux ?
Je n’aurai pas cette prétention. Et surtout je n’oserai pas classer les pays que j’ai visité.
Alors commençons par Singapour : vous étiez en plus sur place au moment de TOKEN2049. Quel est votre regard ?
Alors deux regards plutôt qu’un. D’abord un premier sur TOKEN2049 qui est devenu le plus gros évènement mondial du secteur IA/Web3. J’ai été vraiment bluffé car tout le monde était au rendez-vous et j’ai pu voir ou revoir des dizaines de personnes que je n’avais pas vu depuis longtemps. Cela témoigne de l’attractivité de Singapour, forcément. Mais au-delà, TOKEN2049 est un évènement de très grande qualité – avec 800 « side-events » articulés autour ! Ce qui éparpille la foule et laisse la possibilité d’avoir de vraies conversations.
Ensuite sur Singapour, je serai prudent car c’était ma première fois sur place. Mais j’ai pu constater l’engagement de tout l’écosystème, d’ailleurs de manière assez proche de ce que j’ai pu voir ensuite à Hong-Kong. Sur ces 2 destinations, plus personne n’a peur par exemple des cryptoactifs. Dans les 2 cas, les gouvernements y appliquent simplement les règles préexistantes dans le milieu de la finance.
Pour moi, c’est une bonne solution car cela procure de la stabilité et met en confiance les acteurs bancaires et financiers. Et c’est d’ailleurs là où Singapour tire son épingle du jeu : Hong-Kong n’est plus une place financière stable puisque dans les 10 prochaines années, le rattachement à la Chine sera complet, ce qui inquiète beaucoup les investisseurs que j’ai rencontré. Singapour bénéficie d’une petite fuite des cerveaux chinois, d’un écosystème bouillonnant, d’une régulation ferme… Je ne parle ici que pour les technologies, bien sûr, mais c’est un endroit d’où il semble facile d’innover.
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Vous avez parlé de la Chine et c’est un pays que vous connaissez bien pour y aller presque chaque année depuis avant le Covid-19. Est-ce vraiment un pays fermé au Web3 ?
Pas du tout ! Et j’ai d’ailleurs rarement vu un pays dont la réputation est aussi éloignée de sa réalité. Encore une fois, tout n’est pas rose : le chômage des jeunes et la crise économique sont d’ailleurs inquiétants en ce moment, même si personne n’en parle. Par contre, sur les nouvelles technologies, je pense qu’il faut assumer que la Chine a pris le lead mondial. Hier on disait « made in China » pour un produit de mauvaise qualité. Aujourd’hui, on a dépassé le « made with China » et le temps des joint-ventures.
On est passé à l’ère où c’est la Chine qui inspire, porte l’innovation…et laisse à d’autres pays le soin de manufacturer le « bas de gamme ». J’ai visité les sièges de Huawei et BYD, j’ai visité Suzhou International Park et rencontré les startups du moment (noptamment Mogic AI)… Bref : il est temps pour nous d’ouvrir les yeux. Ce ne sont plus les États-Unis qui tiennent le lead de l’innovation, mais la Chine. Et cela doit nous interroger car de pair avec ce fait viennent en effet d’énormes questions sociétales, sociales, écologiques, etc.
J’ai vu que vous êtes également passé à Taipei (Taïwan) : un regard particulier ?
Je ne vais pas répéter ce que vous pourriez lire ailleurs, notamment sur le sujet des semi-conducteurs. Je pense d’ailleurs que cet enjeu qui commence à devenir médiatique reste encore largement sous-estimé par le grand public, en matière d’enjeu géopolitico-technologique.
A Taipei, ce qui m’a le plus frappé, c’est la manière dont les studios de gaming sont en train d’intégrer l’IA dans leurs process en veillant vraiment à ce que les droits sur les algorithmes, les datas et les contenus soient vraiment respectés. C’est toute la supply chain des jeux vidéo qui sera impactée à moyen terme, le sujet ne peut donc pas être sous-estimé.
J’ai vu que vous êtes ensuite passé, dans l’ordre, au Kosovo. Quelle drôle de destination ! Pourquoi donc ?
Je suis d’une génération dont la guerre des Balkans a été la première que nous avons vécue alors que nous étions encore des enfants. Alors forcément, l’image que j’avais du Kosovo était celle d’un pays détruit, d’un pays en guerre, d’un pays sous-développé.
J’ai rencontré la ministre de l’Industrie et de l’innovation Rozeta Hajdari à Paris il y a quelques mois. Et c’est à son invitation que je me suis rendu à Pristina. Et j’ai été extrêmement surpris ! Après la guerre, l’OTAN et les États-Unis ont reconstruit le pays qui est aujourd’hui bien plus moderne que certains de ses voisins. C’est un pays jeune (70 % des kosovars ont moins de 35 ans), qui bénéficie depuis la guerre d’une diaspora très moteur et qui a adopté l’euro comme monnaie officielle. Bien sûr, il existe des stigmates du passé (la relation à la Serbie explique pourquoi le pays n’est pas déjà membre de l’Union européenne). Mais c’est un pays en excédent budgétaire et dont le Premier ministre Alban Kurti a réussi à stopper la corruption.
J’ai rencontré des dizaines d’entrepreneurs, le directeur du Tech Park (une sorte de Station F) et le directeur de l’agence d’investissement (KIESA) : je pense que le Kosovo a le potentiel d’être bientôt un « Luxembourg des balkans » a vocation moins financière que technologique. Je n’ai donc vraiment pas perdu mon temps lors de ma visite, hélas trop rapide.
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Ensuite vous êtes allés au Maroc…
J’étais invité comme speaker à l’African Digital Summit. Une chance parce que l’Afrique, sans surprise, est vraiment un continent qui bouge. J’ai un respect infini pour les entrepreneurs que j’y ai rencontré et qui sont parfois plus innovants que ce que j’ai pu voir en Asie, en Amérique ou en Europe : une preuve s’il en fallait que des contraintes naissent l’innovation.
Plus spécifiquement, le Maroc a de nombreux défis à relever. Mais je salue la très forte impulsion que le Roi a donné au numérique en général et à l’intelligence artificielle en particulier. Il reste énormément à faire et le défi est entier. Mais 2 choses m’ont marqué : l’envie des entrepreneurs. Et leur intégration « by design » des enjeux énergétiques liés aux nouvelles technologies. Je pense que nous aurions beaucoup à apprendre de cette bonne prise en compte des enjeux de durabilité, trop souvent ignorés en Europe par les entreprises et les entrepreneurs.
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Je crois ensuite vous avoir vu sur Ankara et Istanbul, en Turquie ? Puis en Jordanie à Amman ?
J’étais en Turquie à l’occasion du lancement des Airport Innovation Days du Groupe ADP. Plus de 40 startups étaient en compétition et j’ai pu assister à leurs pitchs. C’est en effet un évènement dont je contribue à l’organisation avec les équipes d’Havas. Ma « casquette » Havas me permet de garder un lien avec les clients du groupe ; et donc la réalité du terrain. J’ai été particulièrement sensible à certaines green techs et certaines innovations pour améliorer l’accessibilité des lieux publics. C’est finalement la startup Sensemore qui a emporté la compétition devant Assistbox et Wastelog.
Je me suis ensuite rendu en Jordanie pour la 2e manche du concours. Une quinzaine de startups étaient présentes sur une journée également intense. L’innovation n’est pas la priorité de tous les gouvernements et je pense que la Jordanie a d’autres urgences au regard de sa situation géopolitique, prise en étaux par les conflits du Moyen-Orient. En cela, l’écosystème tech jordanien ne m’est pas apparu comme le plus mature du Moyen-Orient. Mais j’ai tout de même rencontré plusieurs startups qui m’ont impressionné.
Pour rester au Moyen-Orient, vous étiez ensuite présent à la Binance Blockchain Week, à Dubaï.
C’était mon premier déplacement à Dubaï. J’ai profité que Binance soit un client du Groupe Havas pour les accompagner sur la Binance Blockchain week. L’occasion de retrouver les leaders de l’écosystème Web3 et IA qui étaient de la partie. L’opportunité aussi de visiter notre agence Havas sur place et de rencontrer les autorités locales ; notamment Dr Marwan Alzarouni. Ainsi que de visiter quelques incubateurs emblématique (In5, DFIC innovation, etc) et de rencontrer des dizaines d’entrepreneurs.
Dubaï est un des principaux hubs du Web3. C’est un laboratoire pour les innovations et un booster pour les régulations. Je ne prétends pas en avoir fait le tour mais l’image très superficielle de « terre d’influenceurs » est très éloignée de la réalité.
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Pour conclure ce tour du monde vous êtes ensuite passé à Munich et Vienne…
J’ai en effet visité le showroom de Steelcase à Munich, puis j’étais présent au Peter Drucker Forum à Vienne. L’occasion en particulier d’échanger en particulier sur l’impact des nouvelles technologies (Web3, IA…) sur le management.
Ce véritable tour du monde est impressionnant. De prochaines destinations prévues ?
Je serai présent au CES, début janvier à Las Vegas. Puis je me concentrerai surtout sur l’échéance du Sommet de l’IA en février. Et pour la suite, les chemins se révèlent en avançant.
Alors puisque vous parlez de Vegas, un regard sur les élections américaines ?
Je pense que la réélection nette de Trump est le fruit d’une conjugaison de 3 forces. D’abord l’anti-wokisme : aux États-Unis comme en Europe, les minorités restent des minorités…et le wokisme est une minorité. Ensuite la situation économique : l’inflation galopante mine les États-Unis, qui n’arrivent pas à assumer ne plus être la puissance économique qu’ils rêveraient être.
Enfin, le besoin de rêve et d’ambition : les États-Unis sont une terre des possibles : et Elon Musk incarne ces possibles. Dans ce sens, les technologies de pointe n’ont jamais été aussi politiques en ce qu’elles ont sans doute contribués aux résultats. En témoigne l’engouement de la communauté crypto, les financements de campagne par les leaders du Web3, la conquête de Mars promise par Elon Musk, etc.
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À vous entendre, pour vous l’élection de Donald Trump est donc une bonne nouvelle ?
Ce n’est pas ce que je dis : c’était surtout pour moi quelque chose de malheureusement inéluctable dans son contexte. En démocratie, la quantité prime sur la qualité. Ce qui n’est pas sans poser des problèmes. En cela, je pense que nous vivons un tournant assimilable à une sorte de post-démocratie. Et puisque j’aime dire que du chaos naissent les opportunités, je veux rester positif et contribuer à la réinvention de la politique.
Alors justement, vous êtes un expert des nouvelles technologies mais vous êtes aussi maire. Alors vous avez forcément un avis sur la réinvention de la politique !
Lorsque je me suis présenté aux élections municipales dans ma ville en 2019-2020, tout le monde était interloqué. Pour moi la politique est quelque chose de noble ; et elle n’est pas forcément politicienne. Bien sûr, il y aura toujours des personnes pour la tirer vers le bas, mais personnellement je crois qu’elle est un propulseur de notre humanité en ce qu’elle est le moteur du vivre ensemble.
Je crois qu’avant de parler national ou international, la politique commence au local. C’est sur le terrain que l’on apprend et comprend ce qui est. Le local n’est pas juste un laboratoire : c’est sur le terrain qu’on perçoit ce que vivent nos concitoyens, pas dans les médias ou sur les réseaux sociaux !
Mais pour revenir à notre sujet : je voudrais insister sur le point commun entre la politique locale et le Web3. À savoir l’enjeu de la décentralisation ! Et je pense que le fil est à tirer : le Web3 est un Internet de la confiance basé sur la sécurité, la transparence et la décentralisation. Pareillement, en politique, les citoyens sont fatigués de la concentration des pouvoirs et des structures superposées : sans aller jusqu’à créer un Ministère de l’efficacité gouvernementale comme aux États-Unis, il faut venir à bout du « millefeuille administratif » et rapprocher les citoyens de leurs gouvernements en clarifiant les règles, les compétences et rôles de chacun.
Le tout en renouant la confiance sur une double base de transparence et d’évaluation des résultats. Et avec des politiques concrètes menées par ailleurs par des personnalités qui ne doivent pas être des professionnels de la politique pour garder les pieds sur terre – tout en bénéficiant tout de même de vraies expériences (pour ne pas être manipulables).
À cela, je rajouterai une chose sur la notion de transparence : la dictature de la transparence est quelque chose qui me paraît dangereux, en particulier dans la vie privée par exemple. Il faut de la transparence strictement sur l’action publique – pour autant, la transparence ne doit pas devenir un facteur de chantage ou de limitation des libertés individuelles ou privées. Car ce n’est jamais une bonne nouvelle lorsque les gouvernements se mêlent de la vie strictement privée des citoyens, et c’est ce qui d’ailleurs m’éloigne aujourd’hui d’un certain nombre de conservateurs.
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Dernière question pour clore notre échange en prolongeant ce parallèle : qu’est-ce que devrait être pour vous une politique du numérique et de l’innovation en France et en Europe ?
Vaste sujet ! Première remarque : pour moi, le numérique devrait être appréhendé comme un sujet régalien. Avec une gouvernance centralisée par un vrai Ministère (et non un secrétariat d’État). Et un plan d’action visant la simplification, l’attractivité et la clarté.
Sur les enjeux de sécurité, il faut identifier des priorités claires parmi lesquelles la protection cyber de nos sites stratégiques, la protection de notre jeunesse face à certains types de contenus, la protection des créateurs (non pas en s’opposant à l’IA mais en réinventant une économie de la création sur la base d’une nouvelle forme de copyright, grâce notamment au Web3) ou encore la lutte contre les fausses informations et les « deepfakes » (ce qui technologiquement est possible mais reste à être encadré par la loi).
Côté attractivité, tout commence par la nécessité d’arrêter d’avoir peur de l’innovation : la crypto et les tokens ne sont pas des gros mots ! Et il est par exemple absurde que la loi interdise tous les véhicules autonomes en France et en Europe : ce n’est pas comme cela que nous prendrons un temps d’avance à l’heure où d’autres territoires commencent à tester ce type de véhicules et engrangent un savoir qui nous dépassera bientôt. Au contraire, des autorisations limitées et dans des cadres clairs (pour les véhicules autonomes mais pas que !) rendrait notre pays tellement plus compétitif. Arrêtons d’interdire : autorisons dans des cadres clairs !
Enfin, comme à l’échelle locale il faut venir à bout du « millefeuille administratif », il faut arrêter le morcellement des compétences et réunir tous les acteurs administratifs qui participent à l’implémentation de la politique numérique du gouvernement… autour d’une structure unifiée (dont les contours exacts sont à définir) afin que la Direction interministérielle du numérique puisse impulser une politique et des investissements qui soit suivis et mesurés.
Je rajouterai qu’une politique du numérique ne peut être qu’européenne. Car entre l’Amérique et la Chine, la France ne peut pas faire le poids seule. Et si j’entends parfois qu’une politique européenne du numérique ne fera jamais la différence, je crois au contraire qu’elle le peut si elle se construit autour d’une notion qui manque aux géants étrangers : l’éthique.
Comme au théâtre, je me permets une question en « rappel » pour clôturer cette fois notre échange passionnant. Au risque de la provocation : si vous le pouviez, vous voudriez être l’Elon Musk européen ?
Je n’aime pas les comparaisons. Mais nous avons un point commun : notre amour de l’innovation, du business, de la tech et de la politique. À l’évidence, je n’ai pas les mêmes valeurs sociales, sociétales et éthiques qu’Elon Musk. Cela dit, j’ai du respect pour son génie du business et sa capacité d’imaginer les technologies de demain en partant non pas de la technologie mais d’objectifs. Avec une croyance en commun : celle que les technologies ne sont que des outils ; mais qu’elles sont devenues plus politiques que jamais.
Nous remercions Fabien Aufrechter pour cet échange et pour son éclairage quant à l’évolution du Web3 dans le monde.
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