KYVE est le premier projet consacré à l’archivage vérifiable et décentralisé sur la blockchain. En s’intercalant entre les services d’indexation et ceux de stockage brut, KYVE se positionne comme un intermédiaire incontournable dans un monde cherchant à décentraliser le stockage de données. Découvrons ensemble KYVE à travers son protocole innovant.
Qu’est-ce que KYVE ?
Fondée en 2021, KYVE se dit construire un « datalake » décentralisé. Pour faire simple, un datalake est une méthode de stockage de données ou ces dernières le sont de façon déstructurée dans un même endroit. Les datalakes portent bien leur nom, voyez ça comme un lac où l’eau de plusieurs rivières se déversent, mélangeant le tout, en un seul et même endroit.
Initialement un smart contract sur la blockchain Arweave, KYVE passe par plusieurs étapes de développement pour arriver à une blockchain à preuve d’enjeu basée sur le kit de développement de Cosmos. Cette dernière a pour objectif d’héberger KYVE Protocol, qui permet d’archiver, de valider et de standardiser les données, et ce, de manière décentralisée. En d’autres termes, un Amazon Web Services (AWS) sur la blockchain.
KYVE utilise Arweave pour stocker ses données et agit en quelque sorte comme un intermédiaire entre les utilisateurs et le stockage brut. Grâce à un système de standardisation, KYVE Protocol facilite le stockage de données à la fois en provenance d’autres blockchains, mais aussi d’autres sources comme les APIs. En plus du stockage, KYVE Protocol assure que les données qui y sont stockées sont correctes, et ce, grâce à un second réseau à preuve d’enjeu.
Logo de KYVE, stylisé par Cryptoast
👉 Pour plus de détails : Arweave (AR), du stockage perpétuel et décentralisé sur la blockchain
L’écosystème de KYVE
La data sur la blockchain et le positionnement de KYVE
Depuis quelques années, les blockchains et solutions d’infrastructure se tournant vers les données se multiplient. Et ce, pour une raison simple. En effet, toutes décentralisées qu’elles puissent être, les blockchains sont tout de même contraintes à fonctionner avec des nœuds hébergés pour la plupart dans des datacenters centralisés.
Ainsi, archiver l’historique d’une blockchain à travers une solution comme KYVE permettrait aux nœuds et applications décentralisées de ne conserver que les données les plus importantes. Réduisant par ailleurs les failles dues à la centralisation des données, mais aussi rabaissant la barrière d’entrée aux nouveaux validateurs.
Mais comment s’y retrouver ? Entre Arweave, The Graph et maintenant KYVE, les projets se multiplient et semblent se ressembler. Mais il n’en est rien. En effet, les trois projets présentés ci-dessus s’imbriquent parfaitement et sont faits pour être utilisés conjointement, selon trois objectifs principaux :
- Le stockage brut, simple et permanent proposé par Arweave est la colonne vertébrale de toute cette architecture. C’est le seul endroit où les données sont réellement stockées ;
- L’archivage de données est quant à lui l’expertise de KYVE. Grâce à ce dernier, les données stockées en vrac sur Arweave sont standardisées et rangées afin d’y garantir un accès simplifié. De plus, KYVE assure par son protocole que ces données soient valides dans le temps ;
- L’accès aux données est assuré par des acteurs comme The Graph. Sur ce dernier, n’importe qui peut faire des requêtes et obtenir l’information qu’il veut.
Pour faire le parallèle avec le monde centralisé : Arweave est le disque dur, KYVE, les serveurs, et The Graph l’équivalent de Google.
Les « storage pools », au cœur de KYVE Protocol
Les « storage pools » sont des entités distinctes, chacune correspondant à une unique source de données. Ainsi, il existe par exemple un pool pour Avalanche ou une autre pour Bitcoin, ou leurs blocs respectifs y sont stockés. Ces pools sont créés par votes de gouvernance et peuvent stocker tout type de données.
Chaque pool possède deux types d’acteurs, à savoir :
- Un « uploader » unique qui télécharge les données de la source pour les stocker dans le pool. Par exemple, un validateur qui vient de créer un bloc demande à l’uploader de télécharger ce nouveau bloc et de le stocker dans le pool correspondant à sa blockchain ;
- Des « validateurs » qui se chargent de vérifier que les données qui viennent d’être stockées sont bien valides. En reprenant le même exemple, les validateurs téléchargent le bloc du pool de stockage pour valider que le bloc n’a pas été modifié au préalable.
Figure 1 : Exemple d’architecture de KYVE Protocol pour Avalanche
Une fois stockées et validées, ces données sont accessibles par tout le monde soit directement (en passant par KYVE), soit en passant par d’autres protocoles d’indexation comme The Graph.
La complexité provient de la grande différence entre chaque blockchain. En effet, KYVE se veut compatible avec la plupart des blockchains. Mais alors, comment stocker les blocs dans un pool et plus important encore, comment valider le bloc qui vient d’être stocké ? C’est là que KYSOR intervient.
KYSOR, la standardisation des « runtimes »
Comme précisé ci-dessus, chaque pool correspond à une source de données, le plus souvent une blockchain, qui possède des paramètres différents. Ainsi, KYVE a créé des « runtimes » qui définissent toutes les instructions à suivre selon la blockchain, comme un manuel d’utilisation. C’est dans ces runtimes qu’il est écrit les instructions afin de récupérer, vérifier et stocker les données pour sa source.
Heureusement, il existe de nombreuses ressemblances entre certaines blockchains et créer un runtime pour chacune d’entre elles est une perte de temps. C’est pourquoi KYVE a créé KYSOR, une solution qui standardise au maximum les runtimes.
Ainsi, les blockchains qui fonctionnent grâce à l’Ethereum Virtual Machine (EVM) comme Ethereum, Moonbeam ou Avalanche utilisent tous le runtime « @kyve/evm ». De la même façon, la blockchain Bitcoin utilise une runtime « @kyve/bitcoin ».
L’économie d’un « storage pool »
Comme vous l’aurez peut être remarqué par l’utilisation du terme « validateur », les storage pools ressemblent beaucoup à des blockchains à preuve d’enjeu (PoS), et ce, afin de garantir la sécurité des données qui y transitent.
Tout d’abord, un pool doit être financé, sans quoi celui-ci devient inactif et s’arrête de fonctionner. Ainsi, ceux qui tirent profit du pool doivent y mettre des fonds, car c’est dans leur intérêt. Le financement permet de payer les nœuds du réseau (uploader et validateurs). Il est donc important de continuellement financer ces pools.
Il y a également un système de « staking ». Afin de garantir le bon comportement des nœuds, ces derniers doivent bloquer des tokens KYVE dans un pool grâce auxquels ils recevront des récompenses financières. Comme toute blockchain en Proof of Stake, les utilisateurs lambdas peuvent participer en déléguant leurs KYVE aux nœuds.
Pour finir, il existe un mécanisme de « slashing », ou de punition financière. En effet, dans le cas d’un mauvais comportement de la part d’un des nœuds, celui-ci verra son « stake » (ou les tokens qu’il a bloqués) réduits d’un pourcentage, défini à l’avance (c’est les cas aussi pour les délateurs).
Figure 2 : Structure économique d’un pool sur KYVE Protocol
Quels sont les rôles du token KYVE ?
Dans un article publié en octobre 2022, l’équipe précise les utilités du KYVE, le token natif de sa blockchain. Il existe trois grandes utilités pour KYVE, classées par niveau : blockchain, protocole et gouvernance.
Au niveau de la blockchain
KYVE est une blockchain à preuve d’enjeu (PoS), dont KYVE en est le token natif. Ainsi, ce dernier peut être utilisé pour payer les frais de transactions (dont une partie sera brûlée grâce à un mécanisme similaire à l’EIP-1559 d’Ethereum).
Mais il peut également être staké ou délégué à des validateurs, dans le but de sécuriser le réseau. En se faisant, ceux qui bloquent leurs KYVE seront récompensés par l’inflation et les frais de transactions.
Au niveau protocolaire
En plus d’être une blockchain, KYVE est également un protocole. Ce protocole et ses données sont sécurisés par un deuxième réseau à preuve d’enjeu dont KYVE est également le token natif. À la façon d’une blockchain, les tokens KYVE peuvent être bloqués pour obtenir les récompenses du protocole, lesquelles sont déterminées par la gouvernance.
Au niveau de la gouvernance
Comme sur la majorité des blockchains, les décisions importantes sont décidées par un vote de gouvernance. Ainsi, chaque KYVE correspond à une voie lors des votes de gouvernance.
👉 Vous pouvez retrouver plus de détails concernant les utilités du token KYVE dans cet article Medium
Levées de fonds et tokenomics de KYVE
Les levées de fonds de KYVE
Au cours de son développement, KYVE a réalisé de nombreuses levées de fonds auprès de très multiples investisseurs institutionnels notamment. À l’heure d’écriture de ces lignes, on compte trois levées de fonds, pour un total de près de 13 millions de dollars :
- 1 million de dollars en juin 2021 lors d’un tour préliminaire mené par Permanent Ventures. Cette première levée voit la participation de plus petits fonds de capital risque comme Hypersphere Ventures, Mechanism Capital, mais aussi celle d’autres fondations de blockchain comme Interchain, NEAR ou encore Avalanche ;
- 2,8 millions de dollars en octobre 2021 qui voit le retour d’Hypersphere Capital et Permanent Ventures. C’est la première fois que d’importants fonds comme Coinbase ou CMS entrent au capital de KYVE ;
- 9 millions de dollars en juin 2022, menée par de nombreux fonds de capital risque comme IOSG Ventures, Huobi ou encore Distributed Global.
Les tokenomics du token KYVE
KYVE, le token natif de la blockchain du même nom, sera lancé en même temps que le mainnet (TGE). Au début, il n’y aura qu’un milliard de KYVE, en incluant ceux distribués au fil du temps à l’équipe, aux investisseurs et à la communauté. Une inflation comprise entre 7 % et 20 % selon la participation au consensus sera également implémentée.
Figure 3 : Distribution initiale des tokens KYVE
Équipe et partenaires de KYVE
L’équipe derrière KYVE
KYVE et KYVE Protocol sont développés par KYVE, une entité basée majoritairement en Allemagne. Cette dernière est fondée en 2021 par deux informaticiens allemands de l’écosystème d’Arweave : Fabian Riewe et John Letey.
Bien qu’ils ne soient que deux en février 2021, lors de la genèse de KYVE, Fabian et Riewe sont très vite rejoints par de nombreux ingénieurs et informaticiens, portant le nombre de contributeurs à 18.
À l’heure d’écriture de ces lignes, l’équipe de direction est composée des personnes suivantes :
- Fabian Riewe : co-fondateur et PDG de KYVE. Fabian est un développeur indépendant qui exerce en tant que freelance dans plusieurs domaines comme la sécurité ou l’écosystème de la blockchain Arweave à travers th8ta. Cette dernière s’occupe du développement d’applications sur Arweave. Ainsi, il co-fonde Arverify (une initiative de garantie d’information) et Verto Protocol (un DEX).
- John Letey : co-fondateur et directeur technique chez KYVE. Tout comme Fabian, John est également un développeur indépendant, ayant majoritairement travaillé dans l’écosystème Arweave à travers th8ta. Il co-fonde par ailleurs Verto Protocol avec Fabian.
👉 Vous pouvez retrouver le détail de l’équipe de KYVE et ses contributeurs sur son site Internet.
Les partenaires de KYVE
Comme KYVE est une blockchain dite « d’infrastructure », les partenaires de ce dernier sont en réalité des intégrations. Ces dernières peuvent être avec des blockchains, mais aussi avec d’autres services d’infrastructure comme c’est le cas avec Covalent, un service d’API spécialisé dans la blockchain.
On retrouve la grande majorité des layer 1 les plus cotés comme Avalanche, Cosmos, Polkadot, NEAR ou encore Sei Network. Ainsi, les utilisateurs et développeurs de ces blockchains pourront compter sur l’infrastructure de KYVE et son système d’archivage décentralisé.
Afin de toucher à l’écosystème de Bitcoin, KYVE annonce en avril 2022 deux partenariats importants. Le premier étant avec Stacks, la blockchain à smart contract construite sur Bitcoin. Comme Bitcoin n’a pas d’entité dirigeante, KYVE s’associe à Coinbase Cloud de manière à accéder à la blockchain Bitcoin directement, sans passer par un intermédiaire centralisé.
Notre avis sur le projet KYVE
KYVE est un projet d’archivage décentralisé mené par une équipe de jeunes informaticiens allemands depuis 2021. Ce dernier est composé d’une blockchain, KYVE, dont le but est d’héberger, KYVE Protocol, le cerveau du projet.
KYVE s’inscrit dans un narratif qui prend de plus en plus d’importance : le problème des données sur la blockchain. Ainsi, KYVE joue le rôle du pont entre le stockage brut rendu possible par des blockchains comme Arweave ou Filecoin et les services d’indexation et d’accès comme The Graph. Au-delà de l’archivage, KYVE standardise et valide toutes les données traitées dans son protocole, et ce, de façon décentralisée.
Avec un testnet à incitation financière réalisé avec succès en août 2022 et un mainnet prévu avant 2023, KYVE semble être en pole position pour combler un vide réel, celui de l’archivage vérifiable et décentralisé. C’est une réponse à un réel problème, qui n’a pour l’instant aucune autre solution que KYVE.
Pour ces raisons, il est important de garder un œil sur KYVE à l’approche de son lancement, et pourquoi pas, s’impliquer dans le projet.
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Quel est votre avis sur KYVE ?
Sources graphiques : Figure 1 : Avalanche ; Figures 2 & 3 : KYVE
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