Le gouvernement français a commandé en février dernier un rapport sur les metaverses, qui vient d’être publié. Cette mission exploratoire présente les enjeux des metaverses pour la France. Quelles sont les recommandations des auteurs pour que la France ait sa place dans ces mondes virtuels ?
Le metaverse, une opportunité pour la France ?
Emmanuel Macron le souhaitait en mars dernier, lors de la présentation de son projet dans le cadre de la campagne présidentielle :
« Il est absolument essentiel de créer un métavers européen. »
Dans une lettre de mission commandée en mars dernier par le ministère de l’Économie et des Finances, remis en fin de semaine dernière, le gouvernement s’interroge sur la place du metaverse ainsi que sur les enjeux économiques, sociétaux et culturels que soulève leur développement.
En 116 pages, le rapport tente de répondre aux interrogations des ministères de l’Économie, de la Culture et de la Transition numérique.
Qu’ils soient ouverts, publics ou privés, les métavers fascinent autant qu’ils inquiètent. Depuis l’explosion de l’écosystème en 2021 et le changement de nom de Facebook en Meta en octobre 2021, tout semble s’accélérer. Il est vrai que quand Facebook entre dans la danse, les choses prennent une autre tournure.
Avec ses 3 milliards d’utilisateurs, le géant de la tech transforme souvent les modes en des industries à part entière. Comme avec Libra, puis Diem, son projet de cryptomonnaie, abandonné depuis, qui a réveillé les institutions financières du monde entier au sujet des monnaies numériques de banques centrales (MNBC).
Cette fois, c’est au metaverse que s’attaque l’entreprise de Mark Zuckerberg comme en témoignent les publicités pour Meta à la télévision ou dans l’espace public. Et la France ne souhaite pas se faire doubler sur la compréhension du sujet.
Nous ne reviendrons pas sur ce qu’est un metaverse, ou métavers en français, nous y avons consacré un article explicatif complet.
Les auteurs précisent bien qu’il existe différents metaverses et différentes visions pour cette industrie. Un métavers peut être « ouvert ou fermé, grand public ou industriel, en réalité virtuelle ou augmentée, grand public ou spécialisé ».
Zoom sur certains points de cette mission exploratoire réalisée par Camille François, Adrien Basdevant et Rémi Ronfard.
1 — Rassembler les acteurs français
Deux écosystèmes de metaverses se détachent. Le premier est l’écosystème dans lequel un métavers doit nécessairement comprendre de la réalité virtuelle (VR), augmentée (AR) ou mixte (MR). Ces metaverses doivent donc être immersifs et accessibles via des casques de réalité virtuelle.
Le second écosystème représente des métavers qui comprennent des aspects Web3 (blockchain et NFT). Ceux-ci sont libres, interopérables, modulables et transparents.
Cela ne veut pas dire que l’un va sans l’autre, il est tout à fait possible d’avoir un metaverse en réalité virtuelle qui utilise la blockchain et des avatars sous forme de NFT.
Les auteurs précisent même qu’il faut que les acteurs de chaque écosystème se réunissent pour couvrir ces deux typologies de métavers afin de faciliter l’émergence de futurs champions du métavers. Et quoi de mieux que des projets communs pour réunir nos acteurs technologiques en pointe sur ce sujet comme les Jeux olympiques d’été de 2024 ?
Leur première proposition est donc de créer des expériences immersives au sein de metaverses « avant, pendant et après les Jeux olympiques et paralympiques (entraînement/compétitions, transport/tourisme, coulisses/échanges avec les athlètes). »
Jouez et collectionnez des cartes au format NFT
1 carte offerte pour 5 achetées avec notre lien
2 — Faire partie des négociations concernant les standards techniques
Des normes devront donc être établies entre les différents metaverses pour permettre l’utilisation d’avatars d’un métavers à un autre sans perdre les objets qui pourraient y être associés. Ou encore permettre d’utiliser un objet créé dans un Métavers A dans un Métavers B.
Dans l’écosystème des metaverses du Web3, des normes communes sont régulièrement adoptées pour permettre cette interopérabilité. Avec la blockchain Ethereum par exemple, le standard de tokens ERC-721 est utilisé par tous les metaverses. Cela permet d’assurer le bon fonctionnement des applications développées sur ce réseau.
👉 Retrouvez notre article sur les tokens ERC-721 qui sont ce qu’on appelle des NFT
La France et les acteurs français doivent être partie prenante de ces négociations pour établir ces normes et éviter de les subir.
Les porteurs de cette mission précisent :
« La France défend un internet ouvert, libre et sûr, commun de l’humanité : ces positions doivent se traduire également dans les instances diplomatiques et techniques de négociation sur le futur des technologies de l’immersion. »
3 — Impliquer la puissance publique
Les institutions publiques doivent se saisir du métavers pour proposer des expériences et applications immersives afin de « faire émerger les services communs et essentiels permettant l’avènement d’une pluralité de métavers interopérables. »
Cela permettra de créer de la confiance dans un domaine où les données sont disponibles et accessibles. Ainsi les auteurs recommandent de travailler sur des applications qui permettraient de réaliser des démarches administratives de manière plus ludique, agréable et immersive grâce à l’utilisation d’identités décentralisées.
On pourrait imaginer la création de nombreux métaverses interopérables, un par le ministère de la Culture, un autre par les finances publiques. Vous pourriez ainsi soutenir des activités associatives ou culturelles dans un métavers et être directement éligible à une réduction d’impôt.
4 — Analyser la chaîne de valeur
Il ne faut pas chercher éperdument les futurs GAFAM, mais miser sur des acteurs technologiques qui seront indispensables pour les futurs métavers et ainsi mieux guider les financements. Il est donc important de bien comprendre les acteurs qui évoluent dans l’industrie des metaverses ainsi que leur rôle dans le développement et le bon fonctionnement de ceux-ci.
L’objectif souhaité par les auteurs du rapport est de « protéger les filières industrielles de la réalité virtuelle, de la modélisation 3D, de l’animation 3D et du jeu vidéo, à éviter autant que possible la fuite des cerveaux, accompagner les startups dans leur développement, protéger les fleurons ».
Il est selon nous important de ne pas restreindre les financements aux projets français uniquement, mais participer à l’élaboration de projets internationaux composés ou portés par des Français dans l’industrie du Web3.
Commander notre Livre pour tout comprendre aux cryptos
Publié aux Éditions Larousse
5 — Mettre en place des commandes publiques pour conserver sa souveraineté
Pour éviter que les projets culturels français soient accaparés, le rapport pointe que :
« Les métavers s’inscrivent dans une politique de démocratisation de la culture et laissent entrevoir des perspectives économiques majeures pour l’ensemble des filières qui y sont attachées ».
Comment incarner ce changement ?
D’abord, car le métavers permet d’être connecté avec le monde entier. Et donc, de pouvoir diffuser et échanger davantage de contenus avec les autres parties du globe. Une occasion de faire voyager la culture française hors de ses frontières.
L’émergence de leaders mondiaux français dans ce secteur, portée par les commandes publiques, permettra d’éviter que certains acteurs comme Netflix s’accaparent une partie importante du 7ème art français.
Également, par la nature même de la révolution. Passer « du statut d’observateur de l’extérieur à un participant de l’intérieur », soulignent les auteurs.
Bien loin des minutes hachées consacrées aux réseaux sociaux comme TikTok, le métavers semble nécessiter une implication plus importante de l’utilisateur, devenant ainsi un nouveau médium à part entière. Une nouvelle forme d’art immersif fera également son apparition, impactant le monde du théâtre, de la danse et du cinéma. Avec sa forte culture, la France se positionne en force pour ce nouveau mode de création et de diffusion.
6 — Quid de la protection des données personnelles ?
L’Europe se veut à la pointe du respect de la vie privée et de la protection des données au travers de nombreux textes et règlements comme le RGPD, DSA, DMA ou encore AI Act. Il est essentiel de se pencher sur leurs adaptabilités aux métavers.
Il est utopiste de penser que ces nouveaux mondes ne seront pas le futur terrain de jeu des annonceurs et de la publicité. Il est donc important d’imaginer comment préserver les données personnelles de ses futurs utilisateurs. Des solutions cryptographiques existent et continuent d’être développées, basées sur les Zero Knowledge Proof notamment, elles pourraient bien être une solution.
👉 Notre article explicatif sur les Zero Knowledge Proof (ZKP)
Cependant, les acteurs du Web3 et de la crypto soulignent que cette protection des données personnelles pourrait ne pas être compatible avec le développement de la régulation et notamment du règlement européen MiCA qui oblige sous certaines conditions les utilisateurs de cryptomonnaies à dévoiler de quels wallets ils sont propriétaires.
De plus, le développement de casques, lunettes ou encore scanners va poser des problèmes de captation de données cognitives comme les émotions, les réactions, les regards et il faudra adapter ou créer de nouveaux textes ou règlements spécifiques comme a pu le faire le Chili.
Rejoignez des experts et une communauté Premium
PRO
Investissez dans vos connaissances crypto pour le prochain bullrun
Des outils et des méthodes d’analyses existent déjà et sont utilisés par tous les acteurs de l’écosystème des cryptomonnaies. Les plateformes d’échange utilisent des outils comme Chainalysis ou le français Scorechain pour noter les cryptomonnaies déposées sur leurs plateformes afin de savoir si ces dernières ont été impliquées dans des piratages, rançons, blanchiment d’argent, financement du terrorisme, etc.
La France, experte en ce qui concerne la taxation, doit développer les moyens de surveiller ce qu’il se passe dans ces nouveaux mondes tout en respectant les données personnelles des utilisateurs. L’avantage des mondes ouverts et de la blockchain est la transparence, il est ainsi possible de suivre toutes les actions effectuées sur la blockchain (on-chain) et de pouvoir en tirer des conclusions.
De nombreux outils sont développés pour simplifier le calcul et la déclaration de ses plus-values de manière automatique comme Waltio. On pourrait imaginer de futures applications pour permettre de calculer vos gains issus d’actions réalisées dans le métavers comme la vente de NFT par exemple.
8 et 9 — Investir dans la recherche et la formation
Le rapport précise également l’importance de comprendre les impacts des metaverses :
« [En investissant] dans des initiatives de recherche interdisciplinaire (informatique, 9 neurosciences et sciences sociales) de grande ampleur et à long terme, utilisant les dispositifs existants (France 2030, PIA 4, PEPR, ANR) pour développer simultanément des métavers expérimentaux guidés par des besoins sociétaux (culture, santé, éducation) et les moyens d’en évaluer les risques sociotechniques par des études empiriques. »
Pour capitaliser sur notre expertise technologique les auteurs proposent également la création d’un institut de recherche « qui serait à la fois un laboratoire de recherche en informatique dédié aux arts immersifs, un lieu de coordination entre chercheurs et artistes pour la création d’œuvres immersives innovantes dans les métavers et un comptoir d’expertise pour toutes les institutions culturelles concernées. »
Enfin, ils mettent en exergue le besoin de renforcer et de compléter les formations dans la modélisation 3D, l’infographie, l’animation, le jeu vidéo, la programmation, etc).
Il pourrait être intéressant de voir se développer des formations transverses alliant réalité virtuelle ou augmentée, jeu vidéo, NFT et Web3 pour saisir les opportunités offertes par ces technologies.
10 — Mesurer l’impact environnemental de ces innovations
Tout comme les NFT, les solutions liées au metavers sont souvent pointées du doigt pour leur impact environnemental, à contre-courant des objectifs de réduction de l’empreinte carbone.
Le passage d’Ethereum de la preuve de travail à la preuve d’enjeu et sa diminution de près de 99,50% de sa « consommation » énergétique a fait taire beaucoup de ces critiques.
Les metaverses pourraient même permettre de réduire notre empreinte carbone. Grâce à des expériences immersives, vous pourriez visiter le Musée du Louvre et le Vatican dans la même journée sans avoir pris de moyen de transport.
Des expositions d’art pourraient être organisées dans le métavers sans avoir besoin de déplacer des œuvres en avion, bateau ou camion.
L’exchange n°1 au monde – Régulé en France
10% de réduction sur vos frais avec le code SVULQ98B 🔥
Source : Vie publique
Newsletter 🍞
Recevez un récapitulatif de l’actualité crypto chaque lundi par mail 👌
Ce qu’il faut savoir sur les liens d’affiliation. Cette page présente des actifs, des produits ou des services relatifs aux investissements. Certains liens présents dans cet article sont affiliés. Cela signifie que si vous achetez un produit ou que vous vous inscrivez sur un site depuis cet article, notre partenaire nous reverse une commission. Cela nous permet de continuer à vous proposer des contenus originaux et utiles. Il n’y a aucune incidence vous concernant et vous pouvez même obtenir un bonus en utilisant nos liens.
Les investissements dans les crypto-monnaies sont risqués. Cryptoast n’est pas responsable de la qualité des produits ou services présentés sur cette page et ne pourrait être tenu responsable, directement ou indirectement, par tout dommage ou perte causé suite à l’utilisation d’un bien ou service mis en avant dans cet article. Les investissements liés aux crypto-actifs sont risqués par nature, les lecteurs doivent faire leurs propres recherches avant d’entreprendre toute action et n’investir que dans les limites de leurs capacités financières. Cet article ne constitue pas un conseil en investissement.